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Covid-19 / Reportage dans la Meuse, entre organisation de l'accueil minimum et fortes inquiétudes pour l'avenir

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Retour sur la façon dont l’accueil des enfants de personnels indispensables à la gestion de la crise s’est déroulé durant les vacances de printemps à Ligny-en-Barrois, dans la Meuse, sous la houlette de La Ligue de l’Enseignement. Avec de nombreuses incertitudes sur les activités de l’été et l'avenir de l'association.
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La Ligue de l’Enseignement Meuse gère depuis plus d’une dizaine d’années l’accueil de loisirs de Ligny-en-Barrois, l’Île aux Enfants, dans le cadre d’une prestation de service pour le compte de la commune. L’accueil des mercredis était fermé depuis la mi-mars, et son équipe n’intervenait pas dans le service minimum d’accueil mis en place depuis le début du confinement, confié exclusivement aux enseignants. "Mais quand la mairie nous a sollicités pour prendre le relais des personnels enseignants durant la période des vacances scolaires, nous avons répondu favorablement.", explique Anthony Willème, délégué général de La Ligue de l’Enseignement Meuse.

La directrice Karelle Delbecq a réalisé un sondage par mail auprès des parents avant d’ouvrir l’accueil, afin de dimensionner correctement son équipe d’animation. "Notre idée était à la fois de travailler dans de bonnes conditions, et même en sureffectif afin de parer à d’éventuelles absences, sans pour autant mobiliser trop de personnel", explique-t-elle. "Avec deux animatrices, nous accueillons gratuitement de 2 à 7 enfants âgés de 3 à 9 ans, du lundi au vendredi, de 8 h 30 à 16 h 30. Nous n’avons pas de demandes pour les week-ends."

Elle poursuit : "Sachant que nous ne sommes pas dans nos locaux habituels mais dans une école choisie en tant que lieu d’accueil unique par la Ville depuis le début du confinement, nous avons dû refaire une déclaration auprès de la DDCSPP. Cela s’est très bien passé, nos interlocuteurs étaient disponibles, très à l’écoute et les démarches ont été facilitées."

Des journées bien rythmées

"Les lieux sont plus spacieux, ce qui facilite les mesures de distanciation mais nous avons dû prendre de nouveaux repères. Nous avons apporté tous les consommables pour les activités, afin de ne pas piocher dans le stock de l’école et d’éviter les inventaires au début et à la fin des vacances. Nous bénéficions de masques chirurgicaux, de gants et de gel hydroalcoolique fournis par la commune."

Le programme des journées est le suivant :
• 8 h 30 - 9 h 30 : accueil et jeu libre, dans la cour de l’école ;
• 9 h 30 - 11 h 15 : activité manuelle individuelle autour de Pâques et du printemps ;
• 11 h 15 - 12 h 15 : jeux dans la cour, libres ou sous l’impulsion des animatrices ;
• 12 h 15 – 13 h : repas fourni par les parents, et réchauffé sur place ;
• 13 h – 14 h 30 : sieste pour les petits et temps calme pour les plus grands, par exemple des jeux de société (qui ne nécessitent pas d'échange de matériel) ;
• 14 h 30 – 16 h : jeux dans la cour : parcours et jeux sportifs, jeux de ballon au pied, etc. ;
• 16 h – 16 h 30 : goûter jusqu’à l’arrivée des parents.

Hygiène et climat de confiance

Comment l’équipe met-elle en place les consignes relatives à la crise sanitaire ? "Nous multiplions les lavages de mains tout au long de la journée et entre deux activités, mais il est très difficile, voire impossible, de faire respecter les mesures de distanciation avec et entre les tout-petits. Nous désinfectons fréquemment le matériel et les tables, et rappelons régulièrement les consignes aux enfants. L’école est nettoyée tous les soirs par le personnel municipal.", détaille Karelle Delbeck.

Mais au-delà des mesures d’hygiène, comment la directrice, ses animatrices et les enfants vivent-elles ce contexte très particulier ? "L’équipe d’animation vit bien la situation, nous sommes heureuses de travailler, sans crainte particulière. Nous nous connaissons bien donc nous intervenons dans un climat de confiance, qui facilite les choses. C’est plus pratique et plus convivial. Nous sommes attentives au stress des enfants et essayons de les rassurer, de leur changer les idées. Plus le confinement dure et plus c’est difficile pour eux. Heureusement il fait très beau, ce qui nous permet d’organiser beaucoup de jeux en extérieur, les enfants peuvent se dépenser et respirer. Nous connaissons bien ces enfants car ils fréquentent notre structure habituellement, cela facilite les relations dans cette période très particulière."

À l’arrêt

Anthony Willème, quant à lui, est très inquiet pour la période estivale à venir : "Nous gérons 23 accueils sur tout le département, et actuellement je n’ai aucun élément sur ce qui va se passer durant l’été. Il y a beaucoup trop d’incertitudes pour que nous puissions nous positionner. J’avais débuté le recrutement de nos directeurs comme chaque année dès la fin des vacances de février, et juste avant le confinement nous étions en train de rediscuter les conventions pour l’été avec les différentes collectivités dont nous sommes partenaires."

"Le confinement a stoppé l’ensemble de nos activités : accueils de loisirs, classes de découverte, formations… ce qui nous prive de toutes nos ressources. Pour les animateurs occasionnels en CEE dont les contrats avaient été signés avant la mi-mars, la Ligue de l’Enseignement a honoré ses engagements et versé les salaires correspondant aux heures de travail prévues. Parmi les 23 salariés permanents de notre association, la grande majorité a été placée en activité partielle. Seules 5 à 6 personnes continuent à exercer une activité, parfois réduite, notamment dans cet accueil de Ligny-en-Barrois et dans un de nos centres de vacances ouvert à la demande du Département pour recevoir des enfants et des jeunes dépendant des services de protection de l’enfance."

Des inquiétudes pour l’été

"Pouvoir maintenir nos accueils de loisirs cet été est un enjeu majeur si l’on veut préserver les emplois de nos salariés et la pérennité de notre association", s'inquiète Anthony Willème. "Nous avons beaucoup d’ambitions éducatives, notre volonté est de transmettre nos valeurs, le vivre ensemble, la solidarité… aux enfants et aux jeunes que nous accueillons, mais cela ne sera possible que si nous pouvons exercer notre métier. Toutes nos interventions relèvent du secteur de la jeunesse, or celui-ci est particulièrement impacté par la crise sanitaire et il est difficile d’avoir une vision sur l’avenir."

S'il peut comprendre les hésitations des pouvoirs publics, le responsable de La Ligue de l'Enseignement s'interroge : "Les informations disponibles et les préconisations changent tous les jours. Je comprends tout cela, car le contexte est inédit, mais ces incertitudes nous empêchent d’agir. Est-ce que nos centres pourront ouvrir en juillet ? Sur quelle fréquentation pouvons-nous nous baser ? Les parents nous confieront-ils leurs enfants ? Quels seront les dispositifs mis en place par l’Éducation nationale en parallèle ? Quelles activités seront autorisées ou non dans les accueils (jeux collectifs, sorties, activités sportives, etc.) ? Tout cela conditionne l’encadrement que nous devrons recruter, et les projets que nous serons en capacité de mener."

Un recrutement très compliqué

Déjà difficile en temps normal dans ce département rural, le recrutement risque en effet de devenir cette année extrêmement compliqué. "Je suis très inquiet car nous connaissons déjà habituellement une pénurie d’animateurs et de directeurs formés. Avec l’annulation des sessions de printemps, et vraisemblablement de celles de juin, je ne sais pas comment nous pourrons constituer nos équipes d’animation, surtout dans un temps aussi court. J’espère que des aménagements réglementaires seront pris. Il aurait été souhaitable par exemple, pour lever les doutes, que le ministère définisse un cadre commun adapté pour les accueils de cet été. Nous aurions ainsi pu avancer, quitte à refaire des aménagements au fil de l’évolution du contexte sanitaire. Aujourd’hui nous n’avons aucune information, et c’est très anxiogène."

"Nous serons sans doute amenés à renégocier avec l’ensemble des collectivités, dont nous sommes partenaires, ce que nous mettrons en place et dans quelles conditions, de manière à ce que chacun en sorte gagnant. Les collectivités pourront ainsi assurer un service à la population, les parents bénéficieront d’une prestation d’accueil pour leurs enfants, et nous serons à même de fournir des propositions pédagogiques de qualité, dans le respect du cadre sanitaire, assurant par la même occasion des ressources qui nous permettront de pérenniser notre association. Mais rien de tout cela ne sera possible tant que nous n’aurons pas de préconisations plus précises…"

Au moment où paraît cet article, à une semaine de la réouverture programmée des écoles, aucune consigne officielle n'a été publiée par le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse pour les accueils périscolaires. Et selon les dernières informations gouvernementales, la décision pour les accueils de loisirs et séjours de vacances de l'été ne sera pas annoncée avant la fin mai…

(reportage réalisé les 21 et 22 avril 2020)

Titre :
Covid-19 / Reportage dans la Meuse, entre organisation de l'accueil minimum et fortes inquiétudes pour l'avenir
Auteur :
David Jecko
Publication :
26 avril 2024
Source :
https://www.jdanimation.fr/node/943
Droits :
© Martin Média / Le Journal de l'Animation

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