Hexopée, organisation d’employeurs de l’Éducation populaire, et le Fonds de coopération de la jeunesse et l’Éducation populaire (Fonjep) ont rendu public lundi 25 octobre les résultats d’une enquête autour des importantes difficultés de recrutement rencontrées ces dernières années par les structures du monde de l’animation. Cette enquête, qui s’est déroulée en ligne du 1er au 15 octobre, a recueilli les réponses de 1182 structures.
Les résultats, plus qu’être surprenants, reflètent surtout l’ampleur du phénomène qui toucherait plus des trois quarts des acteurs de l’Éducation populaire sur le territoire. On y découvre en effet que "82,3% des structures ayant répondu à l’enquête déclarent avoir des difficultés de recrutement". Et que "cette tension porte sur tous les types de postes, tant d’animation des publics (74%) que sur les fonctions de coordination ou d’encadrement (20%), du travail social (15%) ou des fonctions administratives (13%)". Au final, on estime à 50 000, le nombre de postes qui ne trouveraient pas preneur dans l’animation.
Ce phénomène met en lumière l’importance de promouvoir les métiers de l’animation auprès des jeunes mais plus encore de les valoriser tant sur le plan salarial (la rémunération et les perspectives d’évolution sont cités à 24% comme un frein au recrutement) que des conditions de travail (15% des répondants identifient aussi les temps partiels comme un frein). Il est donc urgent, comme le conclut l’enquête, d’ouvrir "le débat sur la reconnaissance des métiers de l’Éducation populaire" dont la crise sanitaire a montré le caractère indispensable, et de mettre en place une "politique publique de long terme et une hausse des moyens alloués à nos activités".
Des mesures annoncées par le ministère
Sollicitée par le journal La Croix qui présentait en exclusivité cette enquête, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry, s’est assez longuement exprimée le jour même dans les colonnes du quotidien. Dans cet entretien, elle a notamment effectué trois annonces en lien avec les Bafa/Bafd et les difficultés de recrutement que rencontrent les structures :
• l’octroi d’une aide exceptionnelle de 200 € à 20 000 jeunes en 2022 pour les encourager financièrement à préparer le Bafa et le Bafd (cette aide viendrait en complément de celles accordées par les Caf ou les collectivités territoriales, parfois en échange d’heures d’engagement citoyen) ;
• l'organisation dès novembre 2021 d'une concertation entre les représentants des collectivités territoriales et les associations employeuses pour travailler sur la question des rémunérations et du temps partiel subi, ainsi que sur l’abaissement de l’âge d’accès au Bafa de 17 à 16 ans. Il s'agira notamment de "questionner le contrat d'engagement éducatif, contrat spécifique aux ACM qui s'écarte des règles du droit du travail, notamment sur le temps de travail, le repos et la rémunération" ;
• la création d’un perfectionnement Bafa option "Service national universel" qui sera expérimenté sur 200 jeunes au premier semestre 2022. Ce perfectionnement sera "orienté autour des questions de valeurs de la République et d’organisation de l’État, de la fonction publique et des corps en uniforme, afin de préparer les jeunes à encadrer des séjours de cohésion". Ce module sera intégralement financé par l'État dans le cadre de cette expérimentation. Sarah El Haïry souhaite aussi la création d'"autres spécialisations du Bafa qui permettent l'ouverture professionnelle", sans être plus précise pour le moment.
Commentaires (2)
Madame la Secrétaire d'Etat,
je suis Présidente d'une association qui a en charge l'accueil des enfants en centre de loisir sur la commune de Boulogne sur mer. 7 centres dont 4 primaires et 3 maternelles.
nos équipes pédagogiques ont dû refuser l'accueil d'enfants à cause de la pénurie d'animateurs.
un centre risque d'être fermé si nous ne trouvons pas de BAFD
c'est un combat de chaque jour. La municipalité a déjà engagé l'aide que vous souhaitez mettre en place. 300 euros contre 35 heures de bénévolat. et le BAFA est préparé. Mais comme par magie, les candidats disparaissent des écrans sans qu'aucune réponse ne nous soit apportée.
nous spécialistes de l'animation, de l'accueil de loisirs mais surtout fiers d'être dans le réseau éducation populaire depuis tant d'années, nous ne pouvons attendre plus longtemps ! On parle de rémunération, de la peur de prendre des responsabilités, de manque de motivation ! Que néni ! Comment ont fait nos prédécesseurs ?
nous n'arrivons pas à nous convaincre d'une éventuelle fermeture d'un centre.
il faut aussi que j'évoque le chantage à la démission dès lors que l'on souhaite changer de site un animateur! nous sommes à votre disposition, Madame la Secrétaire d'Etat, pour vous convaincre d'agir très vite : l'enfant rien que l'enfant et toujours l'enfant loin des divergences politiques
bien respectueusement
Pour moi ce n’est pas tant la problématique d’un accès au bafa.
Beaucoup de mairies le finance en quasi totalité et plusieurs associations de même.
La problématique est bien ailleurs, le bafa un diplôme pour faire sa vie dans l’animation ?
Et bien pour certains oui mais pour une grande majorité c’est n’est qu’un job de passage.
J’admire la capacité des gens à réduire l’animation au bafa ou au bafd.
Les diplômes réellement professionnels de notre branche ne sont jamais cités ou que ce soit !
Les CP JEPS, les BP JEPS ou sont ils ?
J’en viens à me demander si ce n’est pas une utopie que de passer ces diplômes, vouloir se professionnaliser et passer sa carrière professionnelle dans l’animation, quand on voit qu’elles « diplômes » sont toujours cités.
Je suis formateur BAFA donc ne vous inquiétez pas je ne suis pas un anti BAFA !
Mais sur le terrain nous le voyons bien ! Ces jeunes ne sont pas là pour rester dans l’animation et pour certains ils le sont déjà depuis des années mais leur structure les envoie passer un diplôme pour des pourcentages dans l’équipe !
Plutôt que de tout miser sur un parcours temporaire autant miser sur un parcours pérenne !
Valorisons nos réels diplômes et professionnalisons notre branche !
Puisque de toute façon c’est ce qui est recherché sur le terrain.
Concernant le salaire nous savons tous qu’il est bien loin de la réalité et c’est que que si les structures veulent pouvoir recruter il ne faut pas s’aligner sur le MINIMUM qu’impose notre convention !
Oui oui rappelons bien que notre convention impose des minimums et beaucoup de structure (en tout cas dans la Loire) font le choix d’être au dessus de ce minimum (dans le centre où je suis directeur le salaire est de 78€ Pour un animateur).
Alors oui ce n’est pas non plus tres fameux !
Mais nous n’avons pas de problème de candidatures bizarrement ! Nous en avons parfois même trop…
Effectivement si les Centres veulent payer 30€ (Et j’ai vu ce genre d’annonces passer) un animateur il se tournera forcément vers plus intéressant.
Pour moi c’est un problème de reconnaissance de notre branche qui passe par les salaires mais aussi les pseudos diplômes qui sont toujours mis en avant…