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Vers une généralisation du Service national universel ?

Chapo

La presse et différents syndicats ont fait état d'un élargissement de l'expérimentation du SNU en 2024, qui pourrait déboucher dans les années suivantes sur sa généralisation. Le Service national universel durerait 12 jours, sur le temps scolaire. Mais son organisation soulève de nombreuses questions.

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Un Service national universel (SNU) obligatoire et sur le temps scolaire ? C’est ce que révélait Politis, le 27 février 2023, qui a pu consulter un document interne du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse daté du 2 décembre 2022. Selon franceinfo, le ministère de l’Éducation nationale envisagerait une expérimentation du SNU dans six départements, avant une généralisation, mais "pas forcément obligatoire", aurait indiqué le secrétariat d’État auprès du média. D’après l’Élysée, des "arbitrages" seraient prévus pour le printemps, poursuit franceinfo. Tous les élèves scolarisés en classe de seconde ou en première année de CAP seraient concernés, soit plus de 800 000 jeunes par an.

Le syndicat enseignant Snes-FSU dit avoir vu confirmées "toutes les craintes d’une généralisation du dispositif, conçu comme une obligation" pour "les élèves de seconde", lors d’un échange avec la secrétaire d’État à la Jeunesse et au SNU, Sarah El Haïry. Le syndicat précise que les départements du Cher, des Hautes-Alpes, des Vosges, le Finistère, la Dordogne et le Var seraient concernés par cette expérimentation à partir de janvier 2024.

Journées chargées et "rituels républicains"

Selon le document ministériel cité par Politis, le SNU "se compose d’un séjour de cohésion obligatoire de 12 jours qui s’effectue en-dehors de son département/de sa région de résidence". Sa généralisation représenterait un coût de 2 milliards d’euros par an. Un montant qui pose question dans un contexte de manque de moyens flagrant dénoncé tant par les syndicats de l’Éducation nationale que par les acteurs de l’Éducation populaire.

Selon Politis, qui cite la note ministérielle, "une journée type débute à 6 h 30 (lever, petit-déjeuner, lever des couleurs) et propose une alternance d’activités diversifiées, de temps libres et de temps de vie collective (repas, services). Elle s’achève à 22 h 30 après un temps de démocratie interne et un temps libre. Les rituels républicains (levée du drapeau, Marseillaise…) font partie intégrante des éléments qui rythment et donnent un cadre à chaque journée."

Ces journées imposeraient également des modules "sur des enjeux liés à la défense, à la sécurité intérieure, à la mémoire, à la transmission ‘des valeurs de la République’ ainsi qu’à la biodiversité et au développement durable. L’engagement dans des métiers en uniforme, dans des associations et dans l’économie sociale et solidaire serait aussi abordé."

Contrairement à ce qui avait évoqué par le passé, il semble que ni le permis de conduire ni une formation au Bafa ne soient finalement proposés gratuitement aux jeunes durant le séjour de cohésion, mais plutôt accessibles uniquement dans des modules accessibles sur la base du volontariat, "notamment celui qui permet l’accès à une réserve en uniforme".  

Quelle logistique ?

Cet accueil massif pose la question de la logistique nécessaire à la mise en place du SNU. Le syndicat Unsa, pointe qu’"il manque les adultes indispensables pour encadrer les jeunes, penser les contenus éducatifs et organiser matériellement les séjours". Il semble, selon Politis, que le gouvernement envisage un encadrement par des personnels de l’Éducation nationale en détachement, des militaires à la retraite, et des animateurs et animatrices issus de l’Éducation populaire. Une donnée assez surprenante quand on sait les difficultés de recrutement qui touchent déjà ce secteur.

D’autre part, "la France manque de structures adaptées pour accueillir plus de 800 000 jeunes par an", précise l’Unsa, quand la CGT Educ'Action met aussi en avant les "difficultés logistiques pour trouver les bâtiments".

Une note du 21 février 2023 du secrétariat d’État chargé de la Jeunesse et du SNU, adressée notamment aux recteurs de régions académiques, d’académies et aux Dasen, aborde justement la question du bâti nécessaire à l’organisation des séjours de cohésion.

En vue de "l’évolution du SNU", le secrétariat d’État rappelle que "le plein déploiement devrait se poursuivre dans les prochaines années, dès la prochaine rentrée scolaire selon les vœux du président de la République". Aussi demande-t-il aux destinataires de la note de "bien vouloir constituer, dans chacun des départements, un répertoire du bâti disponible et susceptible de pouvoir accueillir des jeunes dans le cadre du SNU". Ces centres, poursuit le secrétariat d’État, "devront permettre un accueil tout au long de l’année scolaire et viendront compléter la liste des centres dédiés aux séjours du SNU volontaire".

Pas d'objection de conscience

Enfin, outre ces questions logistiques, et sans même évoquer la pertinence et le rôle d'un tel service, la mise en place du SNU pose la question de son acceptabilité par les jeunes eux-mêmes. Sarah El Haïry a déjà annoncé à plusieurs syndicats que "l’objection de conscience ne pourra pas être évoquée, les jeunes n’utilisant pas d’armes", tout en ajoutant que les gendarmes ne seraient toutefois pas envoyés chercher les réfractaires. Mais une prise en compte du SNU dans Parcoursup pourrait être envisagée, induisant un moyen de pression sur la jeunesse.

Pour leur part, certains syndicats de lycéens, comme la Voix lycéenne ou l'Unef, restent fermement opposés au Service national universel. Citée par Politis, Imane Ouelhadj, présidente de l’Unef, estime ainsi que "c’est vers l’éducation populaire et l’éducation nationale qu’il faut apporter des moyens, pas au SNU qui n’a pas de raison d’exister".

David Jecko avec AEF

 

Titre :
Vers une généralisation du Service national universel ?
Auteur :
David Jecko
Publication :
24 avril 2024
Source :
https://www.jdanimation.fr/node/1187
Droits :
© Martin Média / Le Journal de l'Animation

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