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S(N)Ubir

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Le Président de la République a confirmé lors de ses vœux sa volonté d’instaurer le Service national universel. Mais pour quoi faire ?

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L’actuel Service national universel est un objet étrange : il ne s’appuie sur aucune loi ; il se veut universel mais n’est tourné que vers des jeunes qui rêvent d’uniforme et de cadre ; il utilise une forme pédagogique désuète et violente ; il ne se veut pas militaire mais flatte les uniformes. Les objectifs que le dispositif cherche à atteindre peuvent être louables : mixités, brassage des populations, découverte de formes d’engagement ou formation aux premiers secours, mais dans la mise en œuvre les choix idéologiques sont forts et excluent, de fait, toute possibilité de faire vivre au quotidien ces objectifs.

Dans la société, le SNU fait débat depuis son lancement. Les organisations de jeunesse ont toujours été contre. Des fédérations d’éducation populaire s’y sont lancées avant de faire marche arrière. Les services de l’État sont contraints de travailler le sujet. Des associations en manque de bénévoles y voient un vivier où une jeunesse captive est tenue de les rencontrer. Les partis politiques se déchirent sur le sujet et les études sur les SNU montrent toujours et encore que le projet est mal conçu.

Cocktail explosif

Dans la réalité, loger pendant treize nuits 750 000 mineurs nés la même année pour leur permettre de faire le séjour de cohésion est impossible. Les lits n’existent pas. Déplacer 750 000 jeunes de région en région pour permettre un brassage aurait un coût exorbitant (transport et encadrement). Trouver les équipes, embauchées en contrat d’engagement éducatif, pour encadrer ces jeunes est tout autant impossible. Sans parler de la faisabilité de produire les uniformes. Bref, le projet est délirant et coûteux.

Pour permettre la survie de ce projet, il ne reste que la volonté politique du Président de la République : c’est le fait du prince. Volonté qui se traduit pédagogiquement par une forme autoritaire. Au SNU, tout est imposé, le fond comme la forme, doctrinaire. Les engagements des jeunes ne peuvent être que ceux choisis par le gouvernement, avec une visée sécuritaire : il faut former la jeunesse à se défendre contre des ennemis désignés, le terrorisme et les conséquences du dérèglement climatique. Un cocktail qui devrait alerter, tant il est dangereux et explosif dans le contexte mondial actuel.

Titre :
S(N)Ubir
Auteur :
Jean-Michel Bocquet
Publication :
3 mai 2024
Source :
https://www.jdanimation.fr/node/236
Droits :
© Martin Média / Le Journal de l'Animation

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