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Animateur, un métier en tension

Chapo

Le métier d’animateur·ice en accueil de loisirs appartient au secteur du care (1) ; il est invisibilisé, mal payé, peu formé, majoritairement féminin et relevant de la sphère privée. Il est en crise, les jeunes s’en détournent, les travailleur·euses n’y restent que peu de temps… et ni les réformes successives ni les grandes réunions ministérielles n’y changent rien.

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© Laurence Fragnol
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Annonces, communications et déclarations d’intention sont faites par le gouvernement pour montrer qu’il a conscience de la situation et qu’il agit. L’opposition de gauche se ressaisit d’un « vieux » marqueur des combats du XXe siècle : le temps libre. Les tribunes se succèdent dans la presse de la part d’associations, d’employeurs, de syndicats ou de militants… Mais les animateur·ices ne voient rien venir : ni changement structurel, ni augmentation de salaires, ni modification des conditions de travail… Ces professionnels souffrent, alors que notre société ne tient que par le fil ténu de ces femmes (et quelques hommes) qui prennent soin des plus vulnérables.

La mondialisation des métiers du care opère déjà dans la santé, le soin aux personnes âgées, la garde à domicile ou le ménage ; les animateur·ices seront sans doute bientôt elles et eux aussi des travailleur·euses immigré·es. Comme le métier est en tension, France Travail promettra formation payée (Bafa, Base) et titre de séjour. Comme pour les médecins, infirmières, nounous ou femmes de ménage étrangères, ces animateur·ices feront du bon travail, soigneront et aideront nos enfants à grandir. Mais ils ne seront jamais fonctionnaires, jamais en CDI, jamais français, et resteront toujours mal payés et précaires, alors qu’ils assureront la principale fonction de notre société. Celle que collectivement nous ne voulons pas payer : prendre soin des enfants.

Au bout de la chaîne

Les accueils de loisirs (et l’enfance, notamment l’ASE) devraient être un service public financé, cogéré avec les acteurs et ne dépendant pas d’appels à projet, de financements privés ou de philanthropie. Travailler à prendre soin des enfants mérite des formations longues et de qualité qui s’appuient sur l’articulation théorie/pratique, un management lui aussi formé au care, un service identique entre métropoles, banlieues, villes et ruralités.

Rappelons-nous quand, en mars 2020, les accueils de loisirs rouvraient pour garder les enfants de soignants. Qui gardait les enfants de ces animateur·ices ? Personne. Pas de Grenelle, pas d’augmentation, pas d’applaudissements, rien… Animateur·ice, c’est le bout de la chaîne du care !

(1) On désigne sous ce terme anglais les métiers du soin, du lien humain, de l’attention à l’autre…

Titre :
Animateur, un métier en tension
Auteur :
Jean-Michel Bocquet
Publication :
5 mai 2024
Source :
https://www.jdanimation.fr/node/345
Droits :
© Martin Média / Le Journal de l'Animation

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