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Quand la loi du marché condamne les pratiques pédagogiques innovantes

Chapo

L’Œuvre communale laïque de vacances d’Octeville (OCLVO) tire sa révérence après 63 ans d’existence. Ce n’est pas une retraite bien méritée, c’est une dissolution par refus de la marchandisation des loisirs enfantins.

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Comme des milliers d’autres, la mairie de Cherbourg-en-Cotentin a décidé d’utiliser les marchés publics pour choisir les opérateurs qui mettront en place les activités péri et extrascolaires sur son territoire. Dit autrement, la mairie met en concurrence des acteurs associatifs pour que les enfants cherbourgeois puissent avoir accès à des loisirs. L’argument utilisé pour justifier de cette décision est l’harmonisation à la suite du passage à la semaine de 4 jours. On pourrait se poser, évidemment, la question de l’intérêt de (re)passer à la semaine de 4 jours, pratique pour les adultes mais néfaste pour les enfants, mais il s’agit de comprendre qu’harmonisation, mise en concurrence et marchés publics sont des outils qui tuent l’émergence de pratiques pédagogiques centrées sur la rencontre.

Le marché public autorise toute structure à candidater, même des acteurs extérieurs qui ne connaissent ni le quartier, ni les personnes, et bien évidemment pas les enfants. L’offre déposée est un descriptif technique d’activités et d’organisation, elle centre l’action des opérateurs sur l’activité, sur ce qui sera fait et non sur ce qui se vit dans l’accueil collectif de mineurs. Le marché public impose une forme pédagogique programmatique, efficace et vendable, il renforce la forme scolaire et le modèle colonial.

Asservissement des associations

L’argument d’harmonisation des loisirs signifie produire la même offre quel que soit le lieu où ils se déroulent et le public accueilli. L’OCLVO intervenait dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) et proposait des séjours assis sur la connaissance des enfants et des familles, assurant ainsi une continuité. L’OCLVO proposait des séjours axés sur les relations, sur l’accessibilité, l’écoute et la co-construction plutôt que sur des pratiques consuméristes. Autant de spécificités absentes du marché public axé sur les performances économiques, sociales et les plannings. La concurrence ne produit qu’un asservissement des associations aux financeurs, un travail à court terme et parfois sans ancrage, et des normes rigides pour les enfants accueillis.

La disparition de l’OCLVO est un exemple qui interpelle, elle devrait nous obliger à inventer de nouveaux outils pour aider les mairies à procéder autrement.

Titre :
Quand la loi du marché condamne les pratiques pédagogiques innovantes
Auteur :
Jean-Michel Bocquet
Publication :
29 avril 2024
Source :
https://www.jdanimation.fr/node/238
Droits :
© Martin Média / Le Journal de l'Animation

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