Aller au contenu principal

À Sainte-Pazanne, on construit pour la jeunesse

Chapo

Il n’est pas courant de célébrer un projet de construction d’une nouvelle maison de jeunes. En ces temps de restrictions budgétaires, on ne peut qu’applaudir la concrétisation de l’engagement d’une communauté d’agglomération de Loire-Atlantique. 

Visuel
Image
Droits
© Jacques Trémintin
Publié le
Corps

Rendez-vous avait été pris à la maison des jeunes de Sainte-Pazanne. La petite ville de plus de 8 000 habitants, dont 25 % ont moins de 15 ans, située à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Nantes, fait partie de Pornic-Agglo-Pays de Retz. Cette communauté de quinze communes ne compte pas seulement six ports et 43 kilomètres de côtes très fréquentées par le tourisme. Elle s’est aussi dotée d’un important service Petite-enfance-Enfance-Jeunesse.

Le secteur dédié aux 11-18 ans compte sept maisons de jeunes réparties sur tout le territoire, un minibus itinérant allant vers les secteurs qui n’en sont pas pourvus. Y travaillent 18 salariés à temps plein que viennent renforcer jusqu’à 25 vacataires l’été. Mais revenons à Sainte-Pazanne et à sa maison de jeunes. Le projet d’un bâtiment neuf, cela faisait des années qu’il en était question. Il fallait juste qu’il soit inscrit dans le programme pluriannuel d’investissement de Pornic-Agglo-Pays de Retz. En 2020, c’est chose faite. Coût prévisionnel de l’opération : 1,5 million d’euros. 

Témoins d’hier et d’aujourd’hui

Cédric est l’un des trois adultes présents, lors de notre visite sur place, avec Yoann Guénégo l’animateur du lieu et Amaury Garand, responsable du service jeunesse de l’agglo. Cédric, lui, a fréquenté la maison des jeunes, quand il avait 15 ans. Il en a aujourd’hui 32. Jeune majeur, il a continué à y participer, mais cette fois-ci comme bénévole. Aujourd’hui, il se verrait bien mettre à disposition ses compétences de cuistot. Comme l’a fait déjà Nathan, un autre « jeune » devenu adulte et vidéaste, qui aide techniquement l’atelier vidéo. Il a déjà accompagné plusieurs productions, continuant à le faire avec le projet en cours sur le harcèlement. De son passage dans cette maison des jeunes, Cédric en a beaucoup retiré : « les animateurs apportent énormément aux adolescent(e)s d’un point de vue humain ».

Les anciens locaux, construits en 1969, ont vu passer des générations de jeunes, mais n'étaient plus aux normes énergétiques et contenaient de l'amiante. © JT

Cet avis, Robin, 14 ans, le confirme : « C’est vrai qu’ils font tout pour nous intéresser. Mais nous aussi on participe aux projets. Début juillet, on part au Portugal. On co-finance le voyage en vendant des chocolats, en faisant du porte-à porte. On a même tenu un stand au marché de Noël. » Aux jeunes déjà présents jeunes, s’agrègent bien d’autres, comme cela se passe traditionnellement dans un espace ouvert avec entrée et sortie permanente. 

Un âge vénérable

Cette maison qui a vu passer tant de générations a été construite en 1969, explique Timothée, du haut de ses 13 ans. Amaury Garand évoque l’opération lancée en 1966 par le ministère de la Jeunesse et des Sports, avec comme objectif de couvrir l’Hexagone de « Mille clubs ». Sainte-Pazanne en profita pour se doter de cette maison. Les jeunes et leurs parents avaient participé, à l’époque, à sa construction, aidés par les artisans de la commune. La tradition s’est perpétuée, puisque plus de cinquante ans après, ce sont les petits-enfants des adolescents d’alors qui ont mis la main à la pâte.

Dans le futur bâtiment, ils se sont impliqués dans un chantier participatif : élever un mur de près de 30 m² avec des briques en terre crue qu’ils ont fabriquées. Pour l’heure, ils profitent des derniers jours de l’espace qui leur est dédié. Ses murs sont recouverts de fresques, œuvre d’un atelier graff mené par deux étudiantes de l’École des arts appliqués de Nantes, en avril 2011. Mais la vaste salle a bien vécu. Elle est devenue un peu vétuste, n’étant plus aux normes énergétiques, sans compter la présence de cette amiante si répandue dans les constructions des années 1970. Et puis, c’est une étuve l’été et une passoire thermique l’hiver. 

Maison des jeunes, version 2024

La nouvelle maison a été livrée fin mars, aménagée avec les jeunes durant les vacances de printemps, et sera inaugurée le 14 juin. Le bâtiment a été implanté au cœur d’un large plateau d’équipements publics. On y trouve déjà l’école primaire, le collège, des terrains de basket et de foot, un parc de jeux, une piscine, un skatepark et une salle des fêtes. Les architectures ont conçu le bâtiment sur le principe de la maison passive. L’hiver, la chaleur dégagée à l'intérieur de la construction (êtres vivants, appareils électriques) et celle apportée par l'extérieur (ensoleillement) permettent de répondre aux besoins en chauffage. L’été, l’ossature en bois avec isolant biosourcé, les baies de ventilation automatique, les débords de toit et casquettes brise-soleil, les menuiseries triple vitrages gardent la fraîcheur intérieure.

Les nouveaux locaux ont été livrés fin mars. © JT

L’étage étant occupé par les bureaux des animateurs, les activités se dérouleront au rez-de-chaussée. « Nous avons fait le choix de réserver à chaque classe d’âge (les moins et les plus de 14 ans) un espace qui lui soit propre, avec néanmoins un lieu de vie commun pour partager des moments forts ensemble », explique Amaury Garand. Et Yoann Guénégo de compléter : « Nous avons voulu que la salle des plus grands ait aussi un accès direct sur l’extérieur, avec un digicode pour permettre qu’elle soit potentiellement utilisable de façon autonome en la confiant à un groupe de jeunes. »

Paragraphes

Faire participer les jeunes

L’éducation populaire revendique d’associer les jeunes à leurs loisirs pour qu’ils en deviennent les acteurs et pas seulement consommateurs. On en trouve une illustration dans la construction de la nouvelle maison des jeunes. Une rencontre s’est tenue le 26 février 2022, en présence des élus. L’occasion pour une trentaine d’ados de débattre sur ce qu’ils souhaitaient conserver de l’ancienne maison, ce qu’ils désiraient avoir de différent dans la nouvelle et comment ils voyaient leur place. Les propositions ont fusé : garder les tables de ping-pong, jeu de fléchettes, baby, billard, consoles et appareil à crêpe party.

Pour ce qui est des nouveautés, les ados se sont projetés sur des équipements sportifs, un coin bibliothèque, des porte-manteaux, des casiers fermables, une toile de cinéma, une télé plus grande. Sans oublier l’aménagement des extérieurs avec un espace végétal où ils pourront jardiner, un garage à vélos et à scooters, un salon de jardin et des bancs extérieurs. Tous ont souhaité participer à l’aménagement et à la construction de ce nouveau bâtiment, en le décorant et en le peignant, en montant les meubles, en bricolant…

Au final, les élus sont ravis de l’enthousiasme des jeunes et les adolescents satisfaits d’avoir été écoutés et de voir leur parole prise en compte. 

Entre ce qui reste…

Et puis, il y a cet atelier cuisine qui remporte un grand succès. Les brunchs organisés régulièrement ont pour vocation de promouvoir une alimentation saine, en luttant contre la malbouffe. Le groupe de jeunes gère un budget qui lui est alloué pour faire des courses et préparer un repas en commun. Manifestement pas de hamburgers à l’horizon, mais plutôt quelques tentatives vers la cuisine d’autres pays, mais aussi des plats traditionnels comme la tartiflette ou des lasagnes, des tortillas ou le tiramisu.

« On a budgété l’investissement dans un nouveau four », confie Amaury Garand, celui en place actuellement ayant fait son temps. « … Et dans un lave-vaisselle ! », s’écrie Timothée décidément très en forme, soutenu par tout le groupe, filles comme garçons. « Ça, c’est pas une priorité », réplique l’animateur. Les choix éducatifs qui dominent ici cultivent des valeurs sûres qui ont traversé des générations d’adolescent·es. À l’image de ce billard qui trône dans un coin et des deux solides babyfoots dans un autre, que semblent plébisciter les ados présents. Preuve que l’on peut vivre avec son temps et avoir recours à des activités intemporelles. Et s’il ne s’agit pas de proscrire les jeux vidéo, on ne vient pas vraiment ici pour s’y adonner en priorité. 

… et ce qui change

© JT

Le principe qui a été retenu est celui de l’ouverture vers les autres associations. Une salle sera mise à disposition des associations de la commune intervenant sur la petite enfance (relais parents-enfants, activité périscolaire). Elle a aussi été insonorisée pour servir d’espace musical, cet usage optimisé permettant une mutualisation. Le Point info jeune, actuellement excentré, s’installera au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment. Se renseigner sur sa santé, son orientation scolaire, rechercher des jobs d’été, rédiger des CV ou des lettres de motivation, etc. : cela se fera dorénavant sur place ! Une salle sera dédiée à des activités ponctuelles : musique, bricolage, atelier vidéo, etc.

Des bardages métalliques mobiles positionnés en façade, mais potentiellement mobiles sont déjà prêts à servir de supports à des ateliers de graff. « La grande nouveauté, ce sont aussi les espaces extérieurs directement accessibles sans route à traverser, le parc de l’Escale étant en accès immédiat », conclut Amaury Garand. Un tel équipement constitue certes un outil de rêve pour les professionnels, mais aussi une formidable reconnaissance de leur travail. « Nous sommes une agglo qui investit pour sa jeunesse », affirmait Jean-Michel Brard, président de l’intercommunalité (Ouest-France du 12/07/2023). Cette éclatante réussite en est la preuve indéniable.

Contact

Maison des jeunes de Sainte-Pazanne
Yoan Guénégo 
Tél. 07 87 20 32 50
Mél : animationjeunesse@pornicagglo

Formats

Titre :
À Sainte-Pazanne, on construit pour la jeunesse
Auteur :
Jacques Trémintin
Publication :
2 mai 2024
Source :
https://www.jdanimation.fr/node/2296
Droits :
© Martin Média / Le Journal de l'Animation

Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.

©2023 Martin Média - Tous droits réservés 
Les contenus, vidéos, infographies et photographies de ce site ne peuvent être utilisés sans autorisation. 
Conception graphique et développement du site : Metropolitan Neo