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Assises de l’animation : Sarah El Haïry veut renouveler l’attractivité du secteur

Chapo

Annoncées fin octobre par la secrétaire d’État à la Jeunesse et à l’Engagement, Sarah El Haïry, en réaction à la pénurie d’animateurs de plus en plus problématique pour le secteur, les Assises de l’animation ont été lancées le mercredi 24 novembre.

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Pour l’occasion, Sarah El Haïry avait convié dans la salle Condorcet du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, des représentants des employeurs de l’animation, des fédérations d’éducation populaire, des collectivités territoriales et élus locaux, ou encore des partenaires et financeurs du secteur (1). Les organisations syndicales des salariés de la branche animation (SEP Unsa, CGT, FO, CFDT et SUD Solidaires) n’étaient pas invitées, mais selon nos informations, elles ont été consultées le 18 novembre dernier par Benoît Coquille, conseiller en charge des politiques jeunesse et du Service national universel, lors d’une visioconférence de deux heures. Sarah El Haïry a également rencontré le 23 novembre les députés François Ruffin et Bruno Bonnell, auteurs du rapport d’information parlementaire sur les métiers du lien. Cette première réunion a eu lieu l'après-midi du 24 novembre, et s'est déroulée en deux temps : une séance plénière et un travail en ateliers.

Apporter de la reconnaissance aux animateurs

Dans sa prise de parole introductive, la ministre a posé d’emblée le constat “qu’un certain nombre de rouages sont grippés”, citant l’étude réalisée par Hexopée et le Fonjep, qui a révélé une pénurie de main-d’œuvre dans l’animation et l’existence de 50 000 postes actuellement non pourvus. Autre problème : le nombre de jeunes qui obtiennent le Bafa est passé de 53 000 à 43 000 par an entre 2011 et 2019, une tendance à la baisse qui a encore été aggravée par la crise sanitaire (sessions annulées, protocoles sanitaires contraignants…).

Pour Sarah El Haïry, ces Assises doivent également être une occasion de “témoigner notre reconnaissance à l’égard de tous les professionnels de l’animation”, qui sont selon elle “des travailleurs relativement précaires” cumulant plusieurs difficultés : “rémunérations insuffisantes, temps de travail partiel, manque de formation…”. Elle appelle ainsi les participants à “regarder collectivement comment sortir d’un statu quo insatisfaisant”, en ayant aussi pour objectif la nécessaire “reconnexion entre deux mondes” de l’animation et de l’Éducation nationale.

Ne pas omettre les “sujets qui fâchent”

Pour la ministre, ces Assises seront un succès “si elles permettent (…) une attractivité renouvelée du secteur de l’animation, afin de :
• garantir une qualité d’accueil optimale en ACM,
• répondre aux attentes des personnels, qu’il s’agisse des jeunes engagés pour une période courte ou des professionnels,
• solidifier les modèles économiques et les structures de financement et de coûts des opérateurs privés et publics.”

Concernant les animateurs, Sarah El Haïry invite les participants à “questionner la formation, initiale et continue, la rémunération, les contrats de travail, l’organisation et le temps de travail, leur place et leur rôle au sein de la communauté éducative et dans la politique de l’engagement.” Sans écarter les “sujets qui fâchent”, comme le contrat d’engagement éducatif qui conduit parfois, ainsi que l'a souligné la ministre, à faire reposer le modèle socio-économique de certaines structures “sur le dos des salariés”.

Elle attend également des participants qu’ils interrogent “les financements publics et les relations contractuelles [entre les opérateurs associatifs et publics et] les collectivités territoriales”, sans omettre pour les collectivités et l’État “la question de l’ambition d’une politique du périscolaire et de l’extrascolaire”. Il s’agit en somme pour elle, à travers ces travaux de réflexion et de concertation, de corriger les dysfonctionnements du système et de lui “redonner du sens”. Une tâche ambitieuse.

Deux rapports de l’Inspection générale

Après le discours de Sarah El Haïry, Frédéric Mansuy et Laurent Cellier, inspecteurs généraux de l’Éducation, des Sports et de la Recherche, ont présenté rapidement les conclusions de deux rapports commandés par la ministre. Le premier, consacré à un “État des lieux des métiers de l’animation dans le secteur périscolaire et enjeux en matière de continuité éducative”, met en évidence la nécessité de mieux articuler les temps de l’enfant et d’instaurer une réelle complémentarité éducative entre les intervenants scolaires et périscolaires. Il pointe aussi un manque de reconnaissance des animateurs, d’autant que leurs missions sont souvent de plus en plus complexes, le niveau d’exigence s’élevant progressivement alors que la montée en compétences et la formation ne suivent pas.

Frédéric Mansuy et Laurent Cellier, inspecteurs généraux de l’éducation, des sports et de la recherche, ont présenté les conclusions de deux rapports commandés par la ministre – Photo © Florent Contassot

Le deuxième rapport, intitulé “Modalités d’accès au Bafa et au Bafd en accueils collectifs de mineurs”, vise principalement à apporter des réponses au désintérêt observé pour le Bafa et, dans une moindre mesure, pour le Bafd. Ses auteurs émettent ainsi 22 préconisations qui suivent quatre axes :
• mieux intégrer le Bafa dans les dispositifs de l’engagement,
• faire connaître davantage les Bafa et Bafd,
• simplifier la réglementation sans nuire à la sécurité,
• harmoniser et renforcer les aides financières et mieux les faire connaître.

Ces rapports seront prochainement publiés, nous aurons donc l’occasion d’y revenir plus en détails.

Des ateliers thématiques

Avant le travail des participants en ateliers, quatre intervenants ont pu apporter leur témoignage quant aux problèmes constatés dans l’animation, et exprimer leurs attentes par rapport à ces Assises. Ainsi, Edith Voisin (Cnaf), Virginie Lanlo (Association des maires de France), Patrick Chenu (Fonjep) et Didier Jacquemain (Hexopée), ont-ils notamment demandé une meilleure complémentarité éducative entre animateurs et enseignants, une simplification des multiples dispositifs publics existants, un soutien renforcé de l’État et de ses partenaires, et une stabilité des politiques publiques en matière de jeunesse.

Quatre intervenants ont pu apporter leur témoignage quant aux problèmes constatés dans l’animation, et exprimer leurs attentes par rapport à ces Assises – Photo © Florent Contassot

Quatre ateliers d’environ une heure ont ensuite été proposés aux participants, afin “de dresser un diagnostic et de dessiner les grands axes de réflexion”, selon Mme El Haïry. Les thèmes proposés étaient les suivants :
• Valoriser les métiers de l’animation :
– atelier 1 : Articuler les politiques nationales et territoriales.
– atelier 2 : Repenser l’organisation et les conditions de travail.
• Soutenir les parcours des jeunes :
– atelier 3 : Renforcer l’attractivité du Bafa.
– atelier 4 : Accompagner l’engagement jusqu’à la professionnalisation.

Si le temps alloué à ces ateliers a sans doute été trop court, les échanges auxquels nous avons assisté ont été riches et en prise avec les difficultés rencontrées sur le terrain par les structures, les collectivités ou les animateurs et directeurs eux-mêmes. Voici, sans hiérarchie ni priorisation, quelques-unes des pistes ou préconisations émises : renforcement de la formation initiale et continue des animateurs, simplification des dispositifs existants et clarification des politiques publiques en matière de jeunesse, suppression du contrat d’engagement éducatif en tant que régime dérogatoire, prise en compte de la préparation dans le temps de travail, prime à la ruralité et aux communes isolées, intégration de droit des directeurs périscolaires dans les conseils d’écoles, repositionnement du Bafa dans son rôle premier (engagement volontaire), promotion du Bafa mais aussi des cursus professionnels, revalorisation du sens et de la reconnaissance des métiers de l’animation…

Des ateliers thématiques ont permis aux participants de dresser un premier diagnostic et d émettre de premières propositions – Photo © Florent Contassot

Communication politique ou réelle volonté d’agir ?

Visiblement satisfaite de ces premiers échanges, Sarah El Haïry a d’ores et déjà annoncé une deuxième session de travail en décembre, puis une troisième “si nécessaire” en janvier. Mise sous pression par les structures employeuses en manque de personnels, par les collectivités contraintes de fermer certains accueils, et par les animateurs eux-mêmes à travers un mouvement de grève initié le 19 novembre dernier, il semble donc que la secrétaire d’État à la Jeunesse et à l’Engagement soit décidée à agir avec volontarisme et une apparente sincérité. Il reste cependant que le calendrier est très contraint, à quelques mois de l’élection présidentielle, et qu’il est compliqué d’imaginer la mise en œuvre de réformes de fond en un temps aussi court. Simple opération de communication politique ou première étape d’un réel plan de relance et de revalorisation du secteur de l’animation ? L'avenir nous le dira.

 

(1) Citons parmi les participants (liste non exhaustive) : différents représentants de la Djepva (dont sa directrice Emmanuelle Pérès, également déléguée interministérielle à la Jeunesse), le Fonjep, Hexopée, le Cnajep, l’Andev, la Fédération générale des PEP, la Confédération des MJC, le Mouvement rural de jeunesse chrétienne, la Confédération nationale des foyers ruraux, la Fédération Léo-Lagrange, l’Afocal, la Fédération des Aroéven, la Fédération des centres sociaux, la Jeunesse au Plein air, les Scouts et guides de France, l’Union française des centres de vacances, la Caisse nationale d’allocations familiales, l’Association des maires de France, etc.

Titre :
Assises de l’animation : Sarah El Haïry veut renouveler l’attractivité du secteur
Auteur :
David Jecko
Publication :
5 octobre 2024
Source :
https://www.jdanimation.fr/node/1082
Droits :
© Martin Média / Le Journal de l'Animation

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