Molsheim : les droits des enfants comme fil conducteur
La ville de Molsheim dans le Bas-Rhin fait partie des 245 villes françaises ayant reçu le titre « Ville amie des enfants » de l’Unicef. Une distinction qui engage la collectivité à placer les droits des enfants au cœur de sa politique, donne du sens à son action et à celle de ses agents.
« Pour moi, le droit d’un enfant, c’est d’être aimé et soutenu pour dépasser ses peurs. Le droit des enfants c’est d’être libres, d’avoir des rêves et de suivre leur cœur… »
Ils ont entre 6 et 12 ans. Sasha, Rafaël, Lise, Aymeric, llyas, Alban, Gary, Aurianeils et leurs camarades, tous fréquentent La Maison des élèves, un accueil périscolaire de la ville de Molsheim (Bas-Rhin) et interprètent leur chanson Le Droit des enfants dans un clip tourné au studio des « Sons d’la rue » de Strasbourg. On les découvre face au micro, casque sur les oreilles… de vrais professionnels ! « Nous les enfants on a le droit de jouer, d’être en liberté, en sécurité, d’être heureux, le sourire aux lèvres, main dans la main, unis quand nos bras se lèvent, nous sommes les grands de demain, vivons en paix soyons copains, si riches de nos différences. »
Cette chanson, véritable hymne aux droits de l’enfant et aux aspirations des petits Molsheimiens, les enfants l’ont écrite et composée avec le poète urbain Julien HMI, au cours d’un projet mené les mercredis, d’octobre 2021 à janvier 2022, et impulsé par la direction scolaire et périscolaire de la ville. « L’idée était d’organiser un atelier d’écriture qui permette aux enfants de s’exprimer sur leurs droits et de les informer sur ces droits. Le clip a été diffusé en périscolaire, lors de la fête de fin d’année, via le blog et la page Facebook de la ville de Molsheim pour valoriser l’engagement des participants et sensibiliser les autres enfants sur leurs droits », explique Audrey Kessouri, à la tête de la direction scolaire et périscolaire de la ville.
Une chanson qui synthétise l’ambition de la ville de Molsheim, première ville d’Alsace « Ville amie des enfants » depuis le 19 avril 2021 – un titre décerné par l’Unicef pour son projet éducatif, et dont les droits de l’enfant sont la colonne vertébrale (voir encadré plus bas).
Donner du sens
Audrey Kessouri, elle-même engagée à titre bénévole auprès de l’Unicef, a souhaité que la ville de Molsheim et tous ses services travaillent leurs actions éducatives en référence avec la Convention internationale des droits de l’enfant (Cide). « Je travaille avec les enfants depuis une vingtaine d’années et suis sensible à la question des droits de l’enfant. Lorsque je suis arrivée en poste à la ville de Molsheim, en 2019, j’ai entrepris un état des lieux sur ce thème, en commençant par former les agents, une soixantaine de personnes, qui n’étaient pas sensibilisés aux droits de l’enfant. Je souhaitais donner du sens et les faire réfléchir. J’ai donc sollicité l’Unicef, nous sommes entrés en contact. »
Audrey a impulsé l’idée que les droits de l’enfant « soient le fil conducteur du projet éducatif de la ville », projet qu’elle a proposé aux élus de la collectivité. Sylvie Telerycz, adjointe chargée des affaires scolaires et périscolaires et de l’environnement de la ville de Molsheim, a suivi la directrice : « Ce titre confirme un certain niveau de services et d’actions que nous proposons déjà sur notre territoire, cette démarche est venue accompagner ce qui existait déjà. »
Cinq engagements
Mais attention ! Pas question pour la collectivité de s’endormir sur ses lauriers. Toute « Ville amie des enfants » s’engage, sur l’exercice de son mandat, à développer une politique publique répondant à cinq engagements issus de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) (voir encadré ci-dessous).
Cinq engagements
Une « Ville amie des enfants » s’engage – sur l’exercice de son mandat – à développer une politique publique répondant à cinq engagements issus de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) :
1 – Assurer le bien-être de chaque enfant à travers une dynamique publique locale favorisant et accompagnant son épanouissement, son respect et son individualité.
2 – Affirmer sa volonté de lutter contre l’exclusion, contre toute forme de discrimination et d’agir en faveur de l’équité.
3 – Permettre et proposer un parcours éducatif de qualité à chaque enfant et jeune de son territoire.
4 – Développer, promouvoir, valoriser et prendre en considération la participation et l’engagement de chaque enfant et jeune.
5 – Nouer un partenariat avec l’Unicef France pour contribuer à sa mission de veille, de sensibilisation et de respect des droits de l’enfant en France et dans le monde.
Dans ce cadre, une organisation des services très structurée – « qui a permis de nous interroger pour pouvoir mettre en place des projets en lien avec les écoles et le périscolaire », souligne l’élue – est l’un des atouts de la ville de Molsheim. Audrey ajoute qu’il s’agit « de faire un travail transversal ».
Une feuille de route a été élaborée, associant des actions à chacun de ces cinq engagements du titre « Ville amie des enfants ». À titre d’exemple, on pointera le projet de Maison de la petite enfance, en lien avec le premier engagement (voir encadré « Cinq engagements ») qui devrait réunir la crèche familiale Bugap’tits et la crèche parentale des Petits Ours, structure associative subventionnée par la ville, et permettre aux édiles de « choisir d’investir dans la petite enfance et l’accompagnement des parents ».
La ville s’associe à des manifestations caritatives de l’Unicef comme « Je cours avec l’Unicef », en mai dernier. Cette course, à laquelle les enfants de l’école élémentaire de la Monnaie et des écoles maternelles de la Bruche et des Prés ont participé, a été organisée par les animateurs en lien avec les écoles et ses profits ont été reversés à l’Unicef. Chaque 20 novembre, date anniversaire de la Cide, « nous passons tous nos éclairages en bleu », souligne Sylvie Telerycz. On pourrait également citer la manifestation de La Nuit de l’eau, les ventes d’objets au marché de Noël au profit de l’Unicef…
Mais la collectivité mène ses actions propres, inscrites dans ses engagements, à l’instar de la conférence-débat sur le harcèlement scolaire – un phénomène « en croissance que l’on retrouve en périscolaire » d’après l’élue –, qui s’est tenue le 24 juin dernier, en présence d’Alain Touron, président de l’Unicef Alsace et de l’adjudant-chef de la Gendarmerie nationale Stéphane Médy. Audrey précise qu’une trentaine de parents étaient présents. L’objectif des organisateurs était de « libérer la parole », avec des personnes qui avaient « besoin de discuter ».
Le projet éducatif territorial (PEDT) prend également en compte la question des droits de l’enfant, et s’inscrit dans l’engagement n° 3, en « décloisonnant l’éducation pour garantir un parcours éducatif cohérent aux enfants et aux jeunes du territoire ».
L’engagement n° 4 devrait voir la mise en place d’un conseil municipal des enfants, afin de « faire vivre des espaces formels et informels de consultation et d’expression pour tous les enfants et jeunes pour les associer aux projets de ville ». Une jeune fille en service civique a été recrutée pour travailler sur ce projet.
Ville amie des enfants
Le titre « Ville amie des enfants » décerné par l’Unicef sanctionne l’élaboration d’un plan municipal pour l’enfance et l’adolescence. Articulé sur cinq axes, il vise à accompagner une collectivité locale dans le cadre d’une politique complète et cohérente pour la jeunesse sur toute la durée d’un mandat électif. L’Unicef met à disposition de la collectivité des moyens humains et des outils pédagogiques et éducatifs. À ce jour, on dénombre en France 245 villes, 16 intercommunalités et 4 départements amis des enfants.
Pour en savoir plus, téléchargez le « Guide Ville amie des enfants – Cinq engagements en faveur des droits de l’enfant » et consultez le site de l’Unicef dédié : www.villeamiedesenfants.fr/
À l’écoute des enfants
Du côté des agents, les animateurs disposent d’un temps prédéfini pour travailler sur les projets de l’Unicef, et ils bénéficient d’une formation via le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). La dynamique des droits de l’enfant les invite à revoir leur posture, comme le souligne Sacha Anstaett Adam, responsable du centre périscolaire maternel du Centre : « Avec les petits, on parle des émotions, du vivre-ensemble, de la coopération, de l’environnement. On favorise des jeux d’entraide, plutôt que les jeux compétitifs. » La responsable met en avant le « temps d’écoute » dont les animateurs disposent. « Les enfants se sentent écoutés, ils ont plein de choses à dire, et certains enfants timides s’expriment. Cette écoute nous permet d’adapter nos activités, les plannings, de proposer par exemple des temps de relaxation s’ils sont fatigués. »
En réunion d’équipe, les animateurs expriment « apprécier avoir du temps avec tel ou tel enfant ». Chez les plus grands, ce sont les enfants qui proposent les activités, notamment à travers un conseil du périscolaire : « Les enfants peuvent aussi dire les choses qu’ils verraient à améliorer », souligne une autre responsable qui pointe le questionnement qui anime et guide les équipes : « Comment rendons-nous les enfants acteurs ? »
Toujours dans cette dynamique et en lien avec l’engagement n° 2, la ville de Molsheim proposera le 9 décembre prochain une rencontre sur le burn-out parental, avec Marianne Massière, de l’association Little Trees Montessori. Une opportunité de plus de mettre en avant l’intérêt supérieur de l’enfant, régi par la Cide.
Audrey Kessouri
Direction scolaire et périscolaire
Mairie de Molsheim
Mél : akessourimolsheim [dot] fr (akessouri[at]molsheim[dot]fr)
- Titre :
- Molsheim : les droits des enfants comme fil conducteur
- Auteur :
- Isabelle Wackenier
- Publication :
- 16 octobre 2024
- Source :
- https://www.jdanimation.fr/node/201
- Droits :
- © Martin Média / Le Journal de l'Animation
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