C’est fait ! Huit mois après son annonce par Sarah El Haïry, secrétaire d’État à la Jeunesse, le comité de filière du secteur de l’animation s’est enfin réuni pour la première fois le 20 octobre, à Paris. Imaginé dans le cadre du plan d’actions gouvernemental "Pour un renouveau de l’animation en accueils collectifs de mineurs", ce comité de filière réunit tous les acteurs du secteur (liste complète ici). Financeurs, collectivités territoriales, associations d’éducation populaire et de jeunesse, syndicats d’employeurs et de salariés, associations familiales et de parents d’élèves, représentants de l’État… se voient ainsi confier par Sarah El Haïry la mission de "faire des propositions pour que nous puissions ensuite trouver les moyens de mettre en œuvre collectivement [leur] plan d’action pour l’avenir de la filière de l’animation".
Concrètement, après de premières mesures conjoncturelles relatives au Bafa (aide financière de l’État, abaissement de l’âge d’inscription à 16 ans à compter du 17 octobre…), il s’agit désormais selon la ministre d’impulser “une évolution structurelle du secteur, selon des modalités qui ne peuvent être définies que collectivement“. L’objectif affiché est de résoudre la pénurie d’animateurs rencontrée depuis plusieurs années par les employeurs et qui s’est encore aggravée depuis la crise sanitaire. Renforcement de l’attractivité des métiers, recherche d’un modèle économique viable, montée en compétence et reconnaissance des équipes et de leurs formations sont ainsi parmi les points de réflexion cités par Sarah El Haïry.
Laurent Bonnaterre à la présidence
Souhaitant favoriser l’émergence de "solutions pragmatiques, au plus près des besoins du terrain", la ministre a finalement confié la présidence du comité de filière à Laurent Bonnaterre, maire de la commune de Caudebec-lès-Elbeuf (Seine-Maritime). Un changement d’orientation donc, puisque c’est l’ancien député Yves Blein, également président de la fédération Léo-Lagrange et de l’UCPA, qui avait été annoncé à ce poste en février dernier…
Il appartiendra à Laurent Bonnaterre et au comité de filière de suivre la feuille de route édictée dans le plan gouvernemental présenté en février, en visant les objectifs suivants :
- soutenir les collectivités territoriales pour renforcer durablement l’investissement dans la complémentarité éducative,
- restructurer la formation professionnelle,
- s'engager collectivement pour des emplois à temps plein et des journées continues,
- rémunérer les temps de préparation sans enfants,
- créer de nouvelles aides pour financer la formation Bafa,
- accompagner spécifiquement les jeunes animateurs,
- rendre le contrat d’engagement éducatif plus vertueux.
Lutte contre les VSS
Mais Sarah El Haïry a souhaité également y ajouter un objectif supplémentaire. Elle a en effet demandé "que le groupe de travail Violence et incivilité détermine les modalités de mise en œuvre du plan (…) annoncé la semaine dernière" pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes en ACM.
Ce plan, élaboré en réponse au mouvement #MeTooAnimation lancé sur les réseaux sociaux au printemps, repose sur :
- l’introduction de modules consacrés à la prévention des violences sexuelles et sexistes dans la formation du Bafa,
- la signature par tous les intervenants en ACM d’une charte de lutte contre les violences sexuelles et sexistes avec l’obligation de dénoncer les faits dont ils pourraient avoir connaissance,
- et le développement d’un module spécifique de formation pour les écoutants du 119.
Il s’agira notamment pour le comité de filière de "déterminer le contenu des modules de formation à la prévention des violences sexuelles et sexistes et rédiger un projet de charte. Ensuite, pour faciliter la mobilisation des acteurs, notamment ceux ayant le moins de moyens, nous devons préparer un modèle de plan sur lequel chaque organisation pourra s’appuyer."
La feuille de route du comité de filière animation est donc bien remplie. Ces directives claires et le discours volontariste porté par Sarah El Haïry et les différents participants seront-ils toutefois suffisants pour répondre à la crise du secteur et aux attentes des professionnels ? Il est trop tôt pour le dire, mais le travail engagé s’annonce de longue haleine, "sur le long terme" comme l’a déclaré la ministre, et en cela il est peut-être déjà en décalage avec les demandes urgentes exprimées au quotidien par tous les acteurs de terrain.
Commentaires (1)
Une solution ?
Professionnaliser ce métier !
Plus d"emplois à 10h par semaine !
Une meilleure rémunération, pas le smic !....
Être animateur n'est pas un job étudiant, c'est un travail au même titre que celui des enseignants, des éducateurs !
Arrêtons de recruter des animateurs comme job d'appoint !
Ce n'est pas leur boulot !
Marre de voir des gestes de violence, dont j'ai moi-même été acteur, au bout du rouleau, fatigué, exténué ! C'est à force de fatigue l'on devient "con" !
C'est un métier dont je me suis détaché juste pour des raisons financières alors que j'aime travailler avec les enfants !
Non, je n'aime pas ! J'ADORE !!!
Rémunérer les temps en amont nécessaires afin de préparer convenablement des projets, et améliorer, "contractualiser" les rapports entre les équipes éducatives, enseignants et animateurs !
Le périscolaire a autant d'importance que le scolaire : socialiser les enfants pour "l'être ensemble" !
Et ça, ce n'est pas le travail des enseignants !
Le "vivre ensemble", la socialisation des jeunes, c'est notre boulot, en périscolaire !
Alors, des "jeunes" qui veulent travailler avec les enfants, c'est sympa ! Mais pas anodin !
Les animateurs ont une action éducative ! Très importante !
Le BAFA, c'est joli, mais en périscolaire, c'est très loin d'être suffisant !
Un continuité de travail, avec les enseignants, puis avec les Auxiliaires de vie scolaire (aussi payés une misère) !...
Et empêcher un syncalisme basique de formaliser des corporatismes qui vont à l'encontre de l'intérêt des enfants !
J'ai vécu, vu des copinages, au nom de "..." !
Je résume : "Les enfants ? Na na rien à foutre !"
Copains ?
Les enfants ?
Hein ? C'est quoi ?
T'es mon copain de syndicat, le reste, je m'en tape !...
Voila
Constat écoeurant !
En plus d'oublier notre métier, on oublie les enfants...
Voila
Quelques mots !